jeudi 7 mars 2013

Interview: Plus Que Des Mots



1. Salut Paulin, est ce que tu peux nous dire quel est ou quels sont les zines que tu écris?
Salut Nox  ! Je fais le zine Plus que des mots depuis dix numéros et participe au fanzine À Bords perdus, deux numéros à ce jour – on espère un troisième  !

2. Pour ton numéro 6 tu avais changé de nom, y'a une raison particulière? 
Le «  passage Nastenka  » est un lieu décrit dans Jérôme, le roman phare de Jean-Pierre Martinet, un auteur français des années 70/80 que j'aime beaucoup et à qui étaient consacrées quelques pages dans le numéro six. Quand je pense à ce nom, ça m'évoque une certaine poésie, une évasion, un nouvel horizon en somme. Sauf que dans ce roman terriblement noir, il n'existe pas d'espoir, et le passage Natenka est le lieu ultime de la perversion humaine... J'aime bien ce contraste  ! Quant à savoir ce que ce «  passage  » renferme, il faudra se frotter aux très belles pages de Jérôme...
Plus prosaïquement, j'avais besoin de marquer une rupture avec mes numéros précédents, pour essayer de partir sur de nouvelles bases... Et puis faire un zine c'est faire ce qu'on veut avec, donc voilà...


3. Tu développes pas mal d'idées personnelles dans tes textes ou même dans tes chroniques ? C'est un exercice que tu fais naturellement ? Tu as des retours des fois? Des confrontations peut-être?
Je me vois mal écrire des textes ou des chroniques avec des idées qui ne seraient pas les miennes, dire des choses que je pense à moitié, ou bien écrire des chroniques complètement désincarnées, affichées comme «  objectives  ». Il y a les magazines pour ça  ; un zine est un moyen de dire ce qu'on pense  ! Par contre, non, ce n'est pas naturel, il faut se forcer à écrire. En tous cas pour moi... C'est jamais évident de poser sur papier ce qu'on a de manière floue dans son cerveau. Je pense d'ailleurs qu'écrire un texte sur quelque chose me permet vraiment de formuler ce que je pense  ; c'est en disant les choses qu'on les fait devenir réelles, en quelque sorte, non  ?
J'ai parfois des retours, que ce soit des avis partagés ou bien divergents sur les choses... avec plus ou moins de confrontation  ! Mais ça se passe la plupart du temps très bien, haha  ! Disons que parfois un texte peut donner naissance à des discussions passionnées, et ça, c'est vraiment génial.

4. Depuis combien de temps tu fais des zines? Dès tes premières lectures de zine tu avais déjà ça en projet? Y'a des zines qui tont inspirés ou aidés en particulier? 
Je fais des zines depuis que j'ai 15 ans, et j'en ai 21 maintenant. Donc ça fait longtemps au vu de la longueur de ma vie... J'ai commencé mon zine en n'ayant lu qu'un ou deux zines (Kérozène et Sédition), qui m'ont beaucoup inspiré au début. Et puis en en faisant, en découvrant le punk, j'en ai lu d'autres qui m'ont ouvert d'autres horizons (Bavardages, Au Fond de l'impasse, Mononoké, Ratcharge, etc.). Et oui, bien sûr, ils m'ont énormément influencé, comme le font toujours des zines ou des revues aujourd'hui. Il y a un vivier énorme de productions artisanales et diy qui méritent qu'on se penche dessus. J'imagine que toi aussi tu dois avoir quelques zines fétiches  !?
5. Y'a d'autres personnes dans ton coin qui écrivent des zines  ? Parle nous un peu de la scène locale...
J'habite à Toulouse, du coup il y a effectivement d'autres personnes qui écrivent des zines. Certains plus ou moins actifs...
Il y a par exemple Jeff, qui écrit Up the zines  !, le zine sur les zines, qui en est à son treizième numéro, chapeau bas  ! Il fait un gros travail de documentation, voire même (on va oser le dire) de «  sociologue  » du fanzinat  : il donne à voir les différents parcours, les pratiques, les réseaux des fanzines, etc. C'est une belle entreprise qu'il fait bon soutenir...
Plutôt du côté des fanzines artistiques (milieu que je ne connais pas), il y a David qui publie des zines d'illustrateurs qu'il choisit, avec Imagora.
Ensuite, mon coloc fait un zine spécialisé dans le cinéma d'horreur qui s'appelle Trrrrash  !! (ou un truc comme ça, je sais plus le nombre de «  r  »...) – contact
Jusqu'à ce qu'il parte au Canada, Nabil habitait à Toulouse et faisait le super fanzine Just say yo  !, sur le punk diy, avec une mise en page superbe et un esprit au poil.
Et puis il y a aussi Out Rage, mais Miquel n'est pas très actif en ce moment au niveau des fanzines...
Je dois en oublier...

6. Quand tu relis tes anciens zine, les premiers en particulier, ça te fait quel effet? 
C'est pas forcément très agréable – d'ailleurs je ne le fais pas, pour être honnête. Disons que ça dépend quels numéros. Pour les tous premiers, ça va, il y a de la distance. Pour les plus récents, je n'aime vraiment pas ça car je me dis tout le temps «  mais pourquoi t'as écrit ces bêtises  ?!  ».
Je me dis souvent que les gens étaient bien sympas de lire mes zines et d'être toujours aussi encourageant.

7. Est ce que tu t'investis dans autre chose mis à part ton / tes fanzines?
Je vais à l'école, ce qui me prend du temps, et surtout en ce moment je m'investis dans un collectif d'édition toulousain qui s'appelle le CMDE (http://editionscmde.org) avec qui on publie des contes (tout public), des ouvrages de critique sociale, et des livres sur l'Amérique du sud – bientôt de la littérature, aussi. En ce moment, c'est le gros projet dans lequel je suis et qui me prend le plus de temps. Sinon, il y a tous les trucs de la vie qui occupent  !

8. Souvent les zineux crachent un peu à la gueule d'Internet, tout du moins sous certains aspect, genre les webzines et ce genre de truc, quel rapport tu as avec la bestiole de l'Internet? 
Il ne faut pas mentir, j'utilise Internet tous les jours entre les mails, les informations (quand t'as la flemme d'écouter la radio ou d'aller à la bibli lire les journaux), la musique à télécharger, etc. C'est un outil vraiment omniprésent dans ma vie. Après, si c'est une bonne chose... voilà une question bien épineuse. Il faut toujours peser le pour et le contre d'une technologie en termes personnels bien sûr, mais aussi politique – l'environnement, la reconfiguration des relations sociales qu'elle entraîne, les inégalités qu'elle peut engendrer, etc. J'ai par exemple choisi, dans ce sens, de ne pas avoir de portable. Je n'ai pas fait le même choix pour Internet...
Pour ce qui est du fanzinat, pfff, Internet ne m'apporte rien. Je n'aime pas lire sur écran, et je suis trop attaché au format papier, à l'objet qui est le résultat physique d'un travail. L'idée peut paraître rétrograde aujourd'hui, mais prêter un livre ou un zine, c'est pas la même chose qu'inviter à se rendre sur une adresse html  ; pouvoir lire un texte ou une interview sans électricité, c'est quand même plus sympa que de se rendre compte qu'on n'a plus de batterie  ; et puis surtout, quand le serveur aura lâché, le papier sera toujours là – un peu jauni, certes, mais toujours là.

9. C'est quoi tes futurs projets avec Plus Que Des Mots
Comme d'habitude, ressortir un nouveau numéro le plus vite possible  ! Mais avant, il va falloir diffuser le numéro dix qui est en split avec Elaoïn Sdretu, un groupe toulousain de punk hardcore  !
J'espère que le onze sera là avant 2014  !
Merci pour l'interview.
Si jamais certain-e-s ont l'envie de parler un peu  : plusquedesmots@free.fr
À bientôt  ! 






 

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